Une tradition bien vivante qui date du début de la colonie en Nouvelle-Acadie

Philippe Jetté est médiateur du patrimoine vivant et accordéoneux au sein du groupe bien connu Belzébuth. Originaire de Saint-Jacques, il a fait une étude sur les surnoms de sa communauté, la Nouvelle‑Acadie. La Nouvelle-Acadie regroupe cinq municipalités de la région de Lanaudière au Québec (St‑Alexis paroisse et village, St-Jacques, St‑Liguori et Ste-Marie-Salomé) fondés par des Acadiens de la déportation arrivés en 1766.

Le 12 novembre dernier avait lieu à Québec le lancement de la revue scientifique Rabaska : revue d’ethnologie de l’Amérique française, volume 9. Dans cette publication de la Société québécoise d’ethnologie, Philippe Jetté présente un article fort captivant : Les surnoms en Nouvelle-Acadie. L’auteur communique aux lecteurs sa passion pour son territoire d’origine et les surnoms qui vivent toujours en 2011 dans la mémoire collective. Dans son article, il explique le mécanisme du surnom par des exemples concrets qui proviennent de rencontre et d’échange avec une cinquantaine de ses concitoyens âgés entre 22 et 89 ans. Ces rencontres ont  permis de recueillir plus de 800 surnoms. Une recherche dans différents documents manuscrits et publications vient enrichir les témoignages de ses concitoyens, ce qui apporte une dimension historique à la recherche avec la consultation de 664 surnoms. Des citations viennent valider un des objectifs du projet, soit de démontrer l’héritage culturel acadien sur le territoire de recherche.

Le chercheur de 26 ans y propose une table de classification des surnoms qui se structure en cinq thèmes présentant des sous-catégories. Le surnom de personne ou sobriquet (SP) s’applique à une personne, à quelques individus ou à une famille. Lorsqu’une personne acquiert un surnom, celui-ci peut désigner par la suite sa famille, un ou plusieurs de ses descendants. Le surnom de quêteux (SQ) est donné à l’itinérant quémandant logis ou nourriture. Le surnom par filiation (SF) énumère l’ascendance d’une personne par les prénoms qui sont séparés par un « à » et commencent généralement par le prénom de la personne : Philippe à Joseph à Jules ou Philippe à Charles à Carrosse. Le blason populaire (BP) est un surnom, ou un sobriquet, collectif donné aux habitants d’une paroisse, d’un rang, d’un groupe ou d’une communauté. Enfin, le toponyme populaire (TP) est un surnom donné à un lieu : La rue des Montranculs ou La rue des Sans-culottes.

La cueillette d’information auprès des citoyens visait à recueillir les surnoms, les surnommés, l’origine du surnom et les anecdotes en lien avec le surnom et le surnommé. La paroisse de Sainte-Marie-Salomé est vraiment reconnue comme étant un haut lieu en patrimoine « surnommique ». Ti-Oui Bourgeois explique :

Je pense qu’on est « gèné » surnom, mais pas gêné pour les donner. Nous autres,
à Sainte-Marie, tu frottes un Q-tips, tu mets ça dans une fiole, puis dans le gène,
il y a un surnom. C’est notre fun qu’est-ce que tu veux, on a chacun nos petits
plaisirs. Ça ne coûte rien de faire ça.

Vous pourrez voir Philippe Jetté dans le documentaire Lanaudière, mémoire vivante d’Acadie sur les ondes de Radio-Canada au printemps prochain. Une rencontre avec son grand collaborateur sur les surnoms de Ste-Marie-Salomé, Block [Denis] Mireault, y figure. La documentation de cette étude est conservée et consultable à Archives Lanaudière.

Philippe Jetté offre ses services comme conférencier sur les surnoms de la Nouvelle-Acadie. Technicien en musique traditionnelle, il propose également une conférence-spectacle à partir du répertoire de chanson et de musique traditionnelle recueilli dans la Nouvelle-Acadie. Philippe agit comme médiateur du patrimoine vivant, c’est-à-dire qu’il joue un rôle d’intermédiaire entre les porteurs de tradition et la population. Par exemple, il peut documenter un savoir ou un savoir-faire traditionnel auprès de porteurs de tradition et diffuser ou transmettre l’information recueillie ou encore accompagner un porteur de tradition dans un événement quelconque afin de faciliter la transmission de ses connaissances.

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