Philippe Jetté fut l’invité de de Boucar Diouf à l’émission Faiseux de rire  sur Ici Première de Radio-Canada le 23 décembre 2023. L’émission portait sur l’humour dans la chanson. Philippe a parlé de chanson traditionnelle et de nos traditions culturelles avec Boucar. Ils ont même chanté ensemble après l’enregistrement de l’émission.

Écoutez l’émission en rattrapage sur Ohdio ! Avec François Léveillé, David Beaucage, Véronique Claveau et Philippe Jetté.

La parole de la 27e édition des Journées de la culture sera portée, dans Lanaudière, par Philippe Jetté. L’artiste multidisciplinaire et intervenant en traditions vivantes, de Saint-Jacques, se dit très heureux d’être le porte-parole régional de cet événement déployé partout au Québec visant à célébrer une culture de proximité sous le thème de la collectivité les 29 et 30 septembre et le 1er octobre prochains.

Philippe Jetté est membre-fondateur des groupes de musique traditionnelle Garçons à marier, Belzébuth et du Duo Jetté-Simard. Câlleur, musicien, conférencier, consultant, formateur, transmetteur et chercheur, il voit son rôle d’artiste dans sa communauté comme celui de relayeur, d’intermédiaire entre les porteurs de traditions et les citoyens. Son but est de partager et de mettre en valeur notre richesse collective ainsi que les gens qui la portent et la transmettent.

Pour ce faire, il est, notamment, artiste à l’école et réalise des projets de développement culturel en patrimoine immatériel pour des organismes, villes ou MRC de Lanaudière, en plus d’offrir des formations sur la médiation du patrimoine vivant et des ateliers d’initiation à diverses traditions.

Lorsque l’on pose la question à Philippe Jetté ce que représente la collectivité pour lui, il répond : « La collectivité est au cœur même de notre identité; elle est notre ADN. C’est elle qui nous permet d’avoir des racines, de nous ancrer et de développer un sentiment d’appartenance et de fierté. » Pour sa part, il est enraciné dans sa collectivité natale, la Nouvelle-Acadie. « Je suis fier de mes racines acadiennes et je parle de la Nouvelle-Acadie partout où je passe. Je développe des projets culturels en lien avec mon territoire et ma région. Ma mission de vie est de développer et de sauvegarder les traditions de ma collectivité, de ma région. »

Philippe Jetté est fier du dynamisme culturel de Lanaudière. Il rapporte que Lanaudière a des acteurs culturels engagés et impliqués pour faire connaître la région, ses produits, ses attraits et sa culture. Lanaudière accorde une importance à nos racines culturelles. Seulement dans son secteur d’activité et dans sa région, il mentionne avoir recensé plus d’une trentaine d’organismes ainsi que plusieurs municipalités et MRC actifs pour la transmission et la diffusion des traditions culturelles.

Invitation aux municipalités et organismes

Les Journées de la culture permettent la démocratisation, la découverte et l’initiation des citoyens à la culture et aux arts sous toutes ses formes. Philippe Jetté invite l’ensemble des municipalités et organismes de Lanaudière à joindre le mouvement pour faire vivre une expérience culturelle des plus rassembleuses à leurs citoyens aux Journées de la culture. « En participant à l’événement, vous signifiez votre engagement en faveur des arts et de la culture et contribuez au rayonnement culturel de votre localité. Il s’agit d’une opportunité à saisir », affirme le porte-parole.

Inscrivez une activité, avant le 8 septembre, au www.journeesdelaculture.qc.ca/impliquez-vous/organisez-une-activite.

Découvrez le portrait complet de Philippe Jetté au www.journeesdelaculture.qc.ca/lanaudiere.

Suivez l’artiste et médiateur culturel au www.traditionsvivantes.com et sur sa page Facebook « Philippe Jetté / Médiateur du patrimoine vivant ».

À propos des Journées de la culture

Chaque année, le dernier vendredi de septembre et les deux jours suivants, les arts et la culture sont au cœur d’une grande fête populaire se déroulant d’un bout à l’autre du Québec : les Journées de la culture. Ateliers, démonstrations, parcours et prestations en tous genres composent la programmation de l’événement. De tous les âges et tous les styles, de tous les milieux et dans toutes les régions, tout le monde est invité à entrer dans les coulisses de la création en participant à l’une ou l’autre des centaines d’activités gratuites, toutes disciplines confondues. L’événement est propulsé par Culture pour tous.

Philippe Jetté était l’invité de Bruno Blanchet à l’émission « Le 5 à 7 carré » sur les ondes d’Ici Première de Radio-Canada le samedi 29 juillet dernier. Il a pu parler de son métier d’intervenant en traditions vivantes et interpréter une chanson et deux morceaux à l’accordéon diatonique et aux pieds (podorythmie).

L’émission était enregistré au Festival Mémoire et Racines à Saint-Charles-Borromée. Une panoplie d’invités diversifiés était de la partie.

Écoutez l’entrevue avec Philippe Jetté.

Écoutez l’émission complète.

Répertoire

  • Dans la ville de Rouen, chanson apprise de Rémy Landry de Crabtree et originaire du Ruisseau Saint-Georges à Saint-Jacques.
  • Reel d’Henri Roy, morceau appris de Maurice Beauchamp de Saint-Lin-Laurentides et originaire de Saint-Jérôme.
  • Reel de la guénille à l’envers, morceau appris de Rogatien Venne de Saint-Thomas et originaire de Saint-Côme.

Au début du mois de mai, au sein de la salle municipale de Mandeville, le comité de suivi du Lab inclusif de la Municipalité régionale de comté (MRC) de D’Autray et la ministre du Tourisme et députée de Berthier, Mme Caroline Proulx ont accordé des reconnaissances multiples à des intervenants ayant contribué à la sauvegarde et au développement de savoir-faire traditionnels.

Plus d’une cinquantaine de spectateurs a pris part à cette célébration des accomplissements et de l’implication de Mme Marie-Berthe Guibault, M. Jean-Louis Roy, du Comité Patrimoine de Mandeville, du Club des Massigosseux et de la municipalité de Mandeville.

Les médaillés

Madame Guibault et monsieur Roy ont tous deux reçu la Médaille de la députée des mains de Mme Caroline Proulx.

Toute la filiation du fléché dans la région de Lanaudière remonte à Marie-Berthe Guibault. Cette dévouée transmetteuse a développé une approche pédagogique personnelle. Elle a élevé le savoir-faire du fléché à un niveau de pratique supérieur grâce à la confection de ceinture fléchée à facture ancienne. Son apport à la teinture végétale est également notable. Fortement impliquée dans son milieu depuis 1980 pour le développement du fléché au Québec, elle a mobilisé ses apprenants et entretenu des liens avec eux.

De son côté, M. Jean-Louis Roy a réactivé la pratique du gossage de cups consistant à sculpter une tasse dans une loupe de bouleau, un savoir-faire traditionnel identitaire mandevillois, dont il était le dernier dépositaire sur le territoire. En plus d’avoir participé à la pérennité de ses connaissances, il a permis la création du Club des Massigosseux qui en fait sa mission.

Engagement et soutien au gossage de cups à Mandeville

Lors du même évènement, la municipalité de Mandeville a été honorée pour son soutien au Comité Patrimoine de Mandeville qui est partie prenante de l’initiative Pour la suite du geste… rassemblons-nous! depuis le début de la démarche. Ses membres ont valorisé la pratique et documenté des objets anciens, en plus de réaliser trois capsules audiovisuelles. Ensuite, ils ont organisé des ateliers de transmission en collaboration avec la municipalité.

Celle-ci s’est assurée de mettre un local à leur disposition et aussi de financer l’acquisition d’équipements pour favoriser la pratique.

Cet apport de la municipalité a donné un élan aux gosseux de cups qui ensemble ont décidé de fonder le Club des Massigosseux. Le chargé de projet de la MRC, Philippe Jetté, intervenant en traditions vivantes, a épaulé ses membres tout au long des étapes menant à la constitution de l’organisme. La MRC de D’Autray a également souligné l’engagement des membres du Club pour la continuité de ce savoir-faire traditionnel sur son territoire. Le Conseil québécois du patrimoine vivant a également pris part à cette cérémonie en mettant l’accent sur l’impact des gestes porteurs pour la communauté et les savoir-faire traditionnels.

Le Laboratoire inclusif de prise en charge par la communauté pour un développement durable de savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel est rendu possible par une entente liant la MRC de D’Autray au ministère de la Culture et des Communications.

Sonia Desjardins (présidente du comité culturel de la MRC de D’Autray), les membres du Club des Massigosseux et du Comité Patrimoine de Mandeville, Michael Turcot (maire de Mandeville), Philippe Jetté (chargé de projet, MRC de D’Autray), Caroline Proulx (députée de Berthier et ministre du Tourisme) ainsi que Marie-Berthe Guibault et Jean-Louis Roy (les médaillés).

Marie-Berthe Guibault (flécheuse) et Jean-Louis Roy (gosseux de cups) ont reçu la Médaille de la députée pour leur dévouement pour la continuité de leur savoir-faire traditionnel.

La MRC de D’Autray a remis une cup réalisée par l’artisan Jean-Claude Charpentier à la Municipalité de Mandeville pour souligner leur soutien au développement du gossage de cups.

La ministre Caroline Proulx en compagnie de Jean-Louis Roy (récipiendaire de la médaille de la députée), de Sonia Desjardins (présidente du comité culturel de la MRC de D’Autray), Michael Turcot (maire de Mandeville) et Philippe Jetté (chargé de projet, MRC de D’Autray).

Gilles Pitre (représentant du Conseil québécois du patrimoine vivant) et Philippe Jetté (médiateur du patrimoine vivant et chargé de projet pour la MRC de D’Autray) avec les médaillés Jean-Louis Roy et Marie-Berthe Guibault.

Caroline Proulx (ministre du Tourisme et députée de Berthier), Marie-Berthe Guibault (flécheuse et récipiendaire), Sonia Desjardins (présidente du comité culturel de la MRC de D’Autray) et Philippe Jetté (médiateur du patrimoine vivant et chargé de projet, MRC de D’Autray).

C’est avec regret que j’ai appris le décès de Guy Côté, un Acadien fier et passionné d’Havre Saint-Pierre et de sa Côte-Nord natale. Je l’ai connu en 2009 grâce à une recherche sur les surnoms que j’effectuais en Nouvelle-Acadie. Il faisait la même démarche de son côté, dans son village. On s’était échangé nos listes de surnoms. À cette époque, on rêvait surnoms !

En mars 2020 (juste avant la pandémie), j’ai enfin eu le privilège de le rencontrer en personne alors que je donnais une formation sur la médiation du patrimoine vivant à Baie-Comeau. Il n’avait jamais lâché de récolter des surnoms. Il était rendu à Sept-Iles dans ses collectes ! Dans le cadre de la formation, il avait imaginé un grand projet qui permettrait d’achever sa quête et de la mettre à l’honneur dans l’espace public. Il l’avait nommé : PAYS DU DEDANS.

Un travail d’exception

Je me permets de vous partager un extrait de son immense travail. Il m’envoyait souvent des listes de surnoms. La dernière reçue date de décembre 2021.

Carreau-d’Pique : Evrade BOUDREAU (1892-1979) Né aux Îles de la Madeleine. Marié à Sept-Îles (SJ) en 1920, avec Louise BOURGEOIS. « Électricien », puis « Chef électricien » pour la Gulf Pulp & Paper Co. Décédé à Sept-Îles. Lorsque fâché il disait : Maudit Carreau de Pique ! Ils s’installèrent à Sept-Îles, lui et sa famille, lorsque Clarke City a fermé.

Guy travaillait pour Parcs Canada à Havre-Saint-Pierre comme guide, interprète et chercheur. Il était sûrement un des meilleurs de l’organisation ! Mes tantes ont eu la chance se faire guider par lui.

Récemment, il m’avait envoyé un livre qu’il avait écrit sur les mots de vocabulaire de son coin de pays, « Havre Saint-Pierre 101 – De quoi s’amariner… Abécédaire, petites histoires et anecdotes ». J’ai même reçu une carte postale de sa part dernièrement. Je ne me doutais pas que sa vie achevait.

Bon repos éternel Guy ! Et merci pour ton legs exceptionnel à ta communauté 🙏

Je souhaite que toutes tes recherches soient mises à l’honneur et bien conservées pour les générations futures. Tu étais tel un marcheur de Compostelle marchant sur les traces du patrimoine nord-côtier.

Mes sympathies à toute sa famille et amis.

Acadiennement vôtre,

Philippe Jetté

Source photos : Conseil québécois du patrimoine vivant.

Dans le cadre du projet Transmission du Centre du Patrimoine Vivant de Lanaudière (CPVL), j’ai eu le privilège d’échanger avec Marie-Jeanne Dupuis sur une pratique culturelle traditionnelle familiale. Je vous présente ici un échantillon du bonheur que cette passionnée entretient avec son mode d’expression de prédilection : la danse traditionnelle.

Tout d’abord, la pratique de la danse traditionnelle dans la famille Dupuis (du Grand Rang de Saint-Jacques) est une tradition qui provient du côté de leur mère, la famille Thibodeau. Marie-Jeanne Dupuis (65 ans), aînée de la famille de Jean-Marie Dupuis et de Lucille Thibodeau, se rappelle des jours de l’An de son enfance chez son grand-père Armand Thibodeau dans le Rang de la Rivière-Rouge à Saint-Liguori. Ses oncles et ses tantes dansaient, mais pas son grand-père. Lui, il se réservait pour l’harmonica. Quant à sa mère, elle était toujours à la recherche d’un cavalier puisque son mari n’aimait pas danser.

C’est vers l’âge de 11-12 ans que Marie-Jeanne danse son premier « set carré », nommé La chaîne des dames. Elle a toujours senti que les enfants faisaient partie de la gang, qu’ils n’étaient pas exclus, mais plutôt les bienvenus. Elle dit : « Ça nous encourageait et ça nous motivait. » C’était une étape dans sa vie. Elle a appris à danser par imitation et sans explication.

Plus tard, c’était sa mère qui organisait les veillées, deux à trois fois par année : au jour de l’An, pendant l’hiver et à la cabane à sucre. Dès qu’il y avait un rassemblement familial, comme un mariage, ça dansait.

Lorsqu’on demande à Marie-Jeanne pourquoi elle danse, elle répond : « J’oublie tout. Ça m’énergise et ça me rappelle de très bons souvenirs. Rester assise quand un bon reel joue, c’est quasiment un supplice. » Elle nomme certaines valeurs que l’on retrouve dans la pratique traditionnelle de la danse : le rassemblement, la fête et la simplicité.

Lorsqu’on réfléchit à la simplicité de cette tradition, on constate que c’est un divertissement accessible à tous et qu’il n’y a pas de performance recherchée. On évoque aussi le fait d’être quatre couples positionnés en carré ou en cercle sans d’autre besoin qu’une musique dynamique. Celle-ci nous fait transcender et interpréter des mouvements qui se transmettent depuis plusieurs générations. Ces gestes ont tellement été pratiqués par notre collectivité qu’ils sont intégrés en nous, dans notre génétique. Nous les connaissons malgré nous, il ne reste plus qu’à les faire revivre.

Chez les Dupuis, La chaîne des dames a été remplacée par le Passez par six (Set à crochet) qu’ils ne se lassent pas de danser dans toutes les veillées.

Comment se vit la transmission de la danse aujourd’hui ?

Les « chums » et les « blondes » des membres de la famille Dupuis n’ont pas eu le choix de vivre l’expérience de la danse traditionnelle. Mme Dupuis (Lucille Thibodeau) tirait après les nouveaux arrivants dans la famille pour les faire danser : « Viens danser, viens danser ! Je ne sais pas danser. On va te le montrer, ce n’est pas grave. ». C’était elle qui « runnait la barque ». Ils apprenaient par l’exemple. Marie-Jeanne dit : « Ils voyaient qu’on s’amusait, ça se faisait naturellement. Ils apprenaient sur le tas comme on dit. » Ils se sont intégrés à cette pratique culturelle traditionnelle et par le fait même à cette famille de bons vivants. Quel bon moyen pour faire connaissance et socialiser ! Pour la plupart, c’était leur initiation.

Dans le contexte actuel, la famille Dupuis danse presque uniquement au jour de l’An. Il y a tout de même des exceptions, tel qu’une fête spéciale comme un anniversaire de mariage (25e ou 50e). Et pourquoi pas à l’Halloween ? C’est ce qu’ils ont fait la veille de la Toussaint 2012, danser. En février 2011 dans le cadre de la Saint-Valentin, j’ai eu la chance de jouer de l’accordéon pour la famille de Marie-Jeanne et de Normand Degrandpré. C’est avec le plus grand bonheur que Marie-Jeanne a dansé son premier « set » en petite famille, c’est-à-dire, avec ses enfants et ses petits-enfants. Au dernier réveillon du jour de l’An, suite à l’initiative de sa nièce, Nancy (à Jean-Pierre) Migué, toutes les générations ont eu le plaisir de partager un moment de danse familiale.

Quand l’habitude de se rassembler, chez son frère Gus, la veille du jour de l’An cessera, la passionnée réfléchit tout haut : « Quand ça va tomber, ce sera à moi de dire on fait quelque chose ici. On ne peut pas passer un jour de l’An sans danser, c’est impossible ! »

Crédits photo : Stéphane Brisson. La famille Dupuis en danse au réveillon du jour de l’An 2012, Nelson Migué au câll sous l’admiration de sa grand-mère.

Rédigé par Philippe Jetté, médiateur du patrimoine vivant, le 8 janvier 2013. Article paru dans le Bulletin d’information de la municipalité de Saint-Jacques : Le Jacobin, Février 2013, Volume 11, No 1.

Source 

Projet Transmission du Centre du Patrimoine Vivant de Lanaudière (CPVL), entrevue réalisée par Philippe Jetté auprès de Marie-Jeanne Dupuis, le 4 juin 2012.

Dans la famille Dupuis du Grand Rang de Saint-Jacques, la danse traditionnelle est au cœur des rassemblements familiaux. Rencontrée dans le cadre du projet Transmission du Centre du Patrimoine Vivant de Lanaudière (CPVL), Marie-Jeanne Dupuis m’a partagé sa vision, son amour et ses questionnements quant à l’avenir de la pratique familiale de la danse traditionnelle.

C’est vers l’âge de 11-12 ans, chez son grand-père Thibodeau à Saint-Liguori, que Marie-Jeanne, aînée de la famille de Jean-Marie Dupuis et de Lucille Thibodeau, vit une étape importante dans sa vie. Elle danse son premier « set carré », La chaîne des dames. C’est  par imitation, en dansant avec les plus vieux, qu’elle apprend les rudiments de la danse traditionnelle.

Marie-Jeanne Dupuis nomme certaines valeurs que l’on retrouve dans la pratique traditionnelle de la danse, notamment le rassemblement, la fête et la simplicité. Quand on lui demande pourquoi elle danse, elle répond : « J’oublie tout. Ça m’énergise et ça me rappelle de très bons souvenirs. Rester assise quand un bon reel joue, c’est quasiment un supplice. »

Il est vrai que la simplicité est au cœur de cette tradition. C’est un divertissement accessible à tous dans lequel il n’y a pas de performance recherchée. Le plaisir émerge du simple fait d’être quatre couples positionnés en carré ou en cercle sans autre besoin qu’une musique dynamique. Celle-ci nous fait transcender et interpréter des mouvements qui se transmettent depuis plusieurs générations. Ces gestes ont tellement été pratiqués par notre collectivité qu’ils sont intégrés en nous, dans notre génétique. Nous les connaissons malgré nous, il ne reste plus qu’à les faire revivre.

Comment se vit la transmission de la danse traditionnelle en 2013 ?

Dans la famille Dupuis, vivre l’expérience de la danse traditionnelle est obligatoire pour les nouveaux conjoint(e)s. Dans plusieurs familles, cela se veut une forme d’initiation. Malgré l’inquiétude qui habite les nouveaux initiés, ceux-ci intègrent naturellement cette coutume et par le fait même, cette famille de bons vivants. La danse traditionnelle est un excellent moyen de socialiser et d’entrer en relation avec autrui.

Au dernier réveillon du jour de l’An, toutes les générations de la famille Dupuis ont eu le plaisir de partager un moment de danse intergénérationnelle. C’est le moyen qu’a trouvé un membre de la famille pour assurer la continuité de cette pratique familiale.

La famille Dupuis en danse au réveillon du jour de l’An 2012, Nelson Migué au câll sous l’admiration de sa grand-mère. Crédits photo : Stéphane Brisson.

Dans le contexte actuel, la famille Dupuis, tout comme plusieurs familles lanaudoises, danse presque uniquement au jour de l’An. Autrefois, les gens se voisinaient et les familles se réunissaient fréquemment, il y avait donc davantage de veillées et d’occasions de danser. Force est de constater que notre société a bien changé. La consommation et l’avènement des nouvelles technologies ont apporté un isolement social, en plus de diversifier l’offre et la quantité d’activités. Le manque d’intérêt des hommes envers la danse et l’insuffisance de la transmission de génération en génération sont aussi des facteurs importants du déclin de cette pratique. Malgré cette mutation sociale, la danse traditionnelle a su perdurer jusqu’à nous.

Marie-Jeanne Dupuis se préoccupe de la continuité de cette tradition. « Ça prend des gens qui portent le flambeau », affirme-t-elle.

Et vous, portez-vous le flambeau ? Faites-vous partie d’une famille dans laquelle la danse traditionnelle est à l’honneur dans vos fêtes familiales ? Comment vivez-vous cette pratique ? Vous pouvez partager votre expérience et vos réflexions avec moi par courriel à info@traditionvivantes.com ou par téléphone au 450 397-2313.

Rédigé par Philippe Jetté, médiateur du patrimoine vivant, le 14 février 2013. Cet article avait été diffusé dans les journaux régionaux de Transcontinental. 

L’artiste et intervenant en traditions vivantes lanandois Philippe Jetté est finaliste dans deux catégories à la 31e édition des Grands Prix Desjardins de la culture de Lanaudière.

  • Prix Éducation.
  • Prix Patrimoine.

Ces deux nominations font échos au projet « Sur les traces d’une famille acadienne de la Nouvelle-Acadie : les Brien / Fontaine ». La démarche rassembleuse visait à créer et à partager une collection de traditions et d’histoires orales par et pour les élèves de l’école de l’École primaire de Sainte-Marie-Salomé, l’artiste et la communauté saloméenne. Une résidence de 12 semaines a permis à l’artiste de développer quatre compétences auprès de la relève de notre société et de les mettre en marche vers la sauvegarde de nos traditions. Les jeunes sont devenus des acteurs de la transmission des traditions et histoires transmises de génération en génération en documentant leurs parents et grands-parents. Les élèves se sont appropriés leurs trouvailles, avec la collaboration de l’artiste, et les ont enseignées à leur classe, leur famille et amis ainsi qu’à d’autres classes de l’école. L’artiste et médiateur culturel a également documenté des membres de la famille Brien pour recueillir leurs traditions, en plus de documenter les élèves de l’école.

Les quatre compétences développés

  1. Comprendre et vulgariser le concept de patrimoine immatériel et reconnaître ses éléments (traditions).
  2. Documenter une tradition.
  3. S’approprier et transmettre des éléments de la tradition orale.
  4. Créer et mettre en valeur un corpus de traditions vivantes.

Le projet s’est terminé par une exposition virtuelle permanente mettant à l’honneur plus de 245 traditions et histoires orales partagées par les élèves, le personnel et la communauté de l’École primaire de Sainte-Marie-Salomé.

Le projet a été rendu possible grâce au soutien du ministère de l’Éducation et de la Municipalité de Sainte-Marie-Salomé.

Le 31e gala des Grands Prix Desjardins sera sous la présidence d’honneur de Dan Bigras. L’événement, organisé par Culture Lanaudière, se déroulera ce vendredi 30 septembre, à 19 h, au Théâtre Alphonse-Desjardins de Repentigny.

Découvrez l’ensemble des finalistes des Grands Prix Desjardins de la culture de Lanaudière 2022.

Philippe Jetté sera parmi la brochette d’artistes de la 28e édition du Festival Mémoire et Racines à Saint-Charles-Borromée cette fin de semaine. Il offrira aux festivaliers la chance de découvrir l’univers unique des joueurs d’accordéon de la région grâce à un atelier de transmission (enseignement) de répertoires lanaudois avec son comparse David Simard, du Duo Jetté-Simard, et en participant à l’atelier d’accordéon au côté de grands maîtres québécois. D’ailleurs, le Duo Jetté-Simard travaille actuellement sur un projet visant à transmettre le répertoire instrumental traditionnel lanaudois.

Aussi, Philippe animera un atelier intergénérationnel sur les jeux traditionnels qui saura raviver la mémoire des plus vieux et permettre la transmission aux plus jeunes. Venez retrouver le plaisir de jouer!

Horaire

  • 30 juillet, 14 h | Scène Accordon-nous : Atelier d’accordéon (avec Denis Pépin, Susie Lemay, Réjean Brunet, Harlan Johnson et Francis Morin).
  • 31 juillet, 11 h | Scène Danse danse : Atelier de transmission de répertoire lanaudois (Duo Jetté-Simard).
  • 31 juillet, 13 h 30 | Scène Ziguezon : Atelier de jeux traditionnels avec Philippe Jetté.

Informations : memoireracines.org.

La bastringue est une chanson à succès popularisée par Mary Travers, alias La Bolduc.

SAVIEZ-VOUS QUE…

  • La bastringue est une chanson composée, en partie, par Mary Travers (Mme Édouard Bolduc), surnommée La Bolduc, sur un air traditionnel. Son inspiration lui viendrait d’une chanson brève et d’une pièce instrumentale traditionnelles.
  • La bistringue est une partie de danse, la sixième partie du quadrille français. Elle est aussi la finale du set carré, aussi appelée « Les femmes au centre, les hommes font le tour ».
  • La bistringue ou bastringue est aussi une pièce instrumentale d’accompagnement de la danse en 2/4. La pièce était très connue en Angleterre au 19e siècle sous différents titres : « Ninepins », « Oats, Peas and Beans », etc. Kerr’s publie une version en 6/8 vers 1876 sous le titre « Voulez-vous danser ». La plus vieille version anglaise, datant de 1820, est en 6/8 et s’intitule « Portuguese dance ». La première partie de la mélodie serait d’origine française (originalement en 6/8) tandis que la deuxième partie viendrait de la pièce « Mrs. Moray of Abercairny », un strathspey écossais transformé en reel au Québec.
  • Édouard-Zotique Massicotte recueille une chanson brève intitulé La bistringue en 1917 et 1918, notamment, auprès d’Étienne Poitras, Mme N-E Dionne, François Saint-Laurent et Vincent-Ferrier de Repentigny. Cette chanson serait peut-être à l’origine une ronde chantée française. Conrad Laforte répertorie une chanson nommée « Au chapeau de Napoléon » (V, D-487) : « Au chapeau de Napoléon / Mademoiselle, voulez-vous danser ? / Non, monsieur, j’ai trop mal au pied / Qu’avez-vous donc à ce pied / C’est une abeille qui m’a piquée ». Cette chanson est connue en Suisse et en France sous forme de danse ronde.
  • Le Trio d’Henri, composé d’Henri Lacroix, Isidore Soucy et Donat Lafleur, enregistre une danse chantée en janvier 1929 intitulée La bastringue.
  • Mme Bolduc endisque La bastringue en 1930, en dialogue avec Ovila Légaré.
  • Louis Blanchette et Alphonse Roussel enregistrent le Reel bastringue en 1937.
  • Le violoneux Isidore Soucy endisque la mélodie La bastringue en 1938 avec Donat Lafleur à l’accordéon.
  • Le premier couplet de la chanson fait partie de la mémoire collective des Québécois.

Par Philippe Jetté, médiateur du patrimoine vivant

 

RÉFÉRENCES