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Un personnage marquant du bas de Saint-Jacques vient de nous quitter. Philippe à Camille (Plouffe) ou Le p’tit Camille demeurait sur la dernière terre du Ruisseau Saint-Georges, au ras le Ruisseau Vacher/Bas-du-village (Bas-de-l’Église). Il a demeuré dans la maison familiale (terre paternelle, côté des Gaudet) jusqu’à sa mort. Il y a vécu avec sa soeur Valéda (1927-2012). Ensemble, ils ont cultivé la terre familiale et fait les sucres.
Je me rappelle. Quand j’étais petit, mon père m’amenait faire la tournée chez Philippe et Valéda. Philippe attelait son joual et on montait au bois. Valéda faisait bouillir et les hommes ramassaient l’eau d’érable.
Philippe et Valéda font partie de ma vie depuis toujours. J’ai eu le privilège de les interviewer à deux reprises, sur les croix de chemin et sur les surnoms en Nouvelle-Acadie. Leur père venait du Ruisseau Saint-Georges (au coin sus Damien Lévesque [Chemin Plouffe/Lévesque]) tandis que leur mère (Bourgeois) venait de Sainte-Marie-Salomé. Je vous dis qu’ils en connaissaient des surnoms : Siffleux, Le singe à Racette, Jules à Godfroy, Parce que, Nous savons, La poussière, La puce à Perreault, Le Chinois à Landry, Ti-Maille (le frère du Chinois), Henri à Mérée, Les Mattapoches, Les p’tits oiseaux, Charles à Carrosse, Charles à Moïse, Jos Ménan, Bombay, Marcel à Jules, La famille Carlinton, Les pisseuses, etc.
Valéda et Philippe me contaient qu’ils allaient cueillir des petits fruits le dimanche après-midi dans le Maska quand ils étaient jeunes. Le Maska est un bois en arrière du Ruisseau Saint-Georges Sud et au ras le Chemin Lépine. Octave Brien raconte dans ses mémoires que Maska est une abréviation du mot mascotte : « Cette expression purement acadienne : aller à la mascotte signifiait : aimer aller à la cueillette des petits fruits ». Le mot Maska serait de l’attikamek signifiant : ours. Selon M. Brien, les Amérindiens ont quitté le territoire vers 1824. Il y a aussi que les ours se nourrissent de petits fruits.
J’ai eu la chance de présenter mon petit Hector à Philippe cet été avant qu’il lève les pattes. À ce moment, on a parlé de Jack Dugas (Nous savons) du Ruisseau Saint-Georges (maison abandonnée). Jack Dugas, voisin de mon arrière-grand-père, commerçait le tabac et les concombres au Marché Bonsecours. Ils étaient commerçants de père en fils. Son père, Joseph (grand-père de Marcel Dugas), commerçait la ceinture fléchée au Ruisseau Saint-Georges dans la deuxième moitié du 19e siècle. Ce jour-là, Philippe m’apprit un nouveau surnom pour Jack Dugas : Montsénior. Il entreposait sa voiture chez Camille Plouffe.
Cet homme engagé dans sa communauté a certainement marqué mon parcours. Je lui dis maintenant merci Philippe.
P.S. N’hésitez pas à me partager un souvenir de Philippe ou Valéda. 👇
Valéda Plouffe et Philippe Plouffe, 82 et 79 ans, 15 octobre 2009, à leur domicile du Bas-de-l’Église-sud, Saint-Jacques. Photo Philippe Jetté, le 15 octobre 2009.