La première saison de « Chasse aux cups » s’est avérée très prolifique à Mandeville. Les trophées de chasse ont même orné le capot du camion du groupe de chasseurs.

Chasseurs de cups

Le groupe de dix-huit chasseurs a récolté huit belles cups (loupes de bouleau) dans les bois de Mandeville le 22 octobre dernier. Certaines grosses bêtes ont été laissées dans la nature pour revenir les traquer avec un plus gros calibre. Les loupes recueillies serviront aux ateliers de « gossage de cup » (sculpture d’une tasse en bois) ayant lieu les trois premiers samedis de novembre à Mandeville.

Les guides de chasse, Jean-Louis Roy et Jacques Martial, ont appris aux chasseurs à identifier et à extraire une cup d’un bouleau blanc. M. Roy observe que 95 % du temps, les cups se dénichent au pied de l’arbre et 5 % se trouvent sur le tronc. Selon lui, un bouleau sur deux offre une loupe aux gosseux.

Pitons et racinettes sur la loupe

Plusieurs signent nous amènent à reconnaître une cup :

  • Bosse (noeud) sur l’arbre ou au pied de l’arbre, aussi appelée téton;
  • Racinettes sur la loupe;
  • Pitons sur la cup.

La « Chasse aux cups » a été déclarée ouverte par la MRC de D’Autray, le 16 septembre 2017, dans le cadre de son projet de mise en valeur et de transmission de savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel Pour la suite du geste… rassemblons-nous ! Les citoyens du territoire sont invités à appréhender les cups et à rapporter leurs trophées de chasse au bureau de la MRC.

Trophées de chasse

Étapes suivant la chasse

Il est bien important de conserver la cup humide après la quête. Il est conseillé de la mettre dans un sac de plastique avec de la mousse de savane et un peu d’eau. Le trophée est ensuite découpé à l’aide d’une scie à ruban ou à l’égoïne avant d’être déshabiller (enlever l’écorce) à la gouge. Le gossage de la cup s’ensuit avant d’être sablée et vernis.

Outils de chasse

  • Hache;
  • Sciotte;
  • Petite pelle ou pic;
  • Scie mécanique.

La chasse en images et en vidéos



Film

Visionnez le film Le gossage de cups de la série documentaire Pour la suite du geste… afin d’en savoir davantage sur ce savoir-faire traditionnel.

Recette traditionnelle :

Savon de pays[1]

Cette recette a été colligé par Philippe Jetté dans le cadre de l’atelier de transmission de savoir-faire Fabriquons du savon de pays avec Line Marion présenté par la Ville de Joliette, en collaboration avec Philippe Jetté, le 18 octobre 2017 au Musée d’art de Joliette. Line Marion était accompagnée, pour l’occasion, par la donatrice de sa recette, Mme Georgette Arbour-Baillargeon.

Ingrédients

  • 2 litres de graisse animal[2].
  • 5 tasses d’eau froide.
  • 1 tasse d’hydroxyde de sodium (caustic).

Accessoires

  • 1 bol de vitre.
  • 1 cuillère de bois.
  • 1 plat en gré ou 1 chaudron.
  • 1 spatule.
  • 1 tasse à mesurer en vitre.
  • 2 plats rectangulaires en plastique (environ 9 pouces x 12 pouces).
  • 1 gant pour verser le sodium.
  • 1 tamis en métal.

Directives

  • Conserver le gras animal au congélateur.
  • Nettoyer la graisse en la mettant dans un chaudron sur le feu à intensité moyenne jusqu’à ce qu’elle devienne liquide.
  • Couler la graisse dans un tamis en métal.
  • Mettre le bol de vitre dans l’évier et ouvrir la fenêtre ou se mettre à l’extérieur pour cette étape.
  • Verser cinq tasses d’eau froide.
  • Verser une tasse de caustic doucement en faisant attention de ne pas respirer les vapeurs du produit.
  • Brasser le tout avec une cuillère de bois pour bien mélanger le caustic avec l’eau. Attention, plus on mélange, plus la chaleur augmente.
  • Attendre que le mélange tiédisse (environ 50o C).
  • Vider la graisse, à l’aide d’une spatule, dans le chaudron ou le plat de gré.
  • Verser le mélange de caustic et d’eau avec la graisse.
  • Brasser le tout de 10 à 15 minutes.
  • Passer les deux plats de plastique sous l’eau froide, sans les essuyer, pour empêcher le savon de coller.
  • Vider le tout dans les deux plats de plastique sans couvercle.
  • Laisser refroidir pendant deux jours.
  • Vérifier, après deux jours, si le savon est assez solide pour le tailler[3].
  • Tailler le savon en carré ou en rectangle, selon votre choix.
  • Laisser durcir et reposer un mois le savon avant son utilisation (période de saponification)[4].

Utilités

  • Détacher les vêtements[5].
  • Laver les pinceaux et les rouleaux de peinture.
  • Laver les mains[6].
  • Nettoyer les plancher de bois.
  • Traiter l’acné.

[1] Line Marion détient cette recette de savon de pays de la tante de son mari, Mme Georgette Arbour-Baillargeon de Saint-Côme. Cette dernière l’a hérité d’une dame Mailloux. La recette donne environ 40 barres de savon.

[2] Tous les gras animal : graisse de rôti, de poulet et de bacon.

[3] Si le savon devient trop dur, il s’égrainera lors du taillage.

[4] « Plus il est dur, meilleur qu’il est ! »

[5] On peut même mettre des grenailles de savon dans le lavage.

[6] Assèche moins qu’un savon ordinaire.

Étapes de la recette en photos


Le mercredi 11 octobre 2017 avait lieu un atelier de transmission de savoir-faire portant sur les remèdes de grands-mères au Musée d’art de Joliette. L’activité, présentée par la Ville de Joliette, proposait un moment privilégié pour partager collectivement ses remèdes et ses trucs de grands-mères. Mme Madeleine Marion, une grand-mère d’expérience, était l’invitée d’honneur de cet atelier animé par Philippe Jetté, intervenant en traditions vivantes et chargé de projet pour la ville.

Les remèdes et les trucs présentés par Mme Madeleine Marion sont disponibles ci-dessous ainsi que ceux partagés par les participants à l’atelier, en plus de remèdes colligés par Philippe Jetté.

Et vous, quels remèdes traditionnels utilisez-vous pour vous soignez ?

Remèdes et trucs de Mme Madeleine Marion (88 ans) de Saint-Côme[1]

Bosse – fronde (furoncle)

  • Apposer, pendant 2 à 3 h, un cataplasme de patates pilées chaudes avec un peu de lait chaud sur la fronde (bosse);
    • Source : sa grand-mère, Mme Euclide Gauthier.
  • Mettre une goutte d’essence de vanille pour éviter d’avoir une bosse après s’être cogné.

Calmer les enfants avant de se coucher

  • Boire un verre de lait.

Cire dans l’oeil du bébé

  • Tremper une ouate dans du lait tiède et éponger l’œil. Laissez couler le surplus sur le côté de l’œil.

Constipation (aussi pour les montées de lait et nettoyer l’organisme)

  • Mettre 1 c. à soupe de sel à médecine dans un petit verre d’eau et le boire.

Contractions, provoquer les

  • Monter et descendre les escaliers.

Digestion

  • Préparer et boire un rince-cochon.
    • 1 c. à thé de bicarbonate de sodium (petite vache) dans un verre d’eau et ajouter 2 c. à soupe de sucre blanc et ajouter 1 à 2 c. à soupe de vinaigre blanc. Attention, le vinaigre gonfle vite, donc boire le rince-cochon rapidement.

Écharde

  • Faire un pansement avec de l’Osmopak (disponible en pharmacie);
  • Appliquer, pendant 1 h, un pansement avec une couenne de lard salé pour enlever l’écharde.

Engelure

  • Passer sous l’eau froide pour ne pas dégeler trop rapidement.

Excitation (enfants)

  • Boire un verre de lait pour calmer les enfants avant de se coucher.

Fatigue

  • Tonique de brandy
    • ¼ de verre de brandy et ajouter du lait jusqu’au demi-verre. Boire une fois par jour (le matin).
  • Tonique de Porter
    • ¼ de verre de Porter (bière). Boire deux fois par jour (midi et soir), seulement en hiver. Très bon pour la santé.

Feu sauvage

  • Passer le petit doigt dans la vitre givrée, ensuite passer le petit doigt sur le feu sauvage.

Grippe

  • Appliquer, pendant 15 à 30 minutes, une mouche de moutarde sur la poitrine pour dégager les sinus.
    • Diluer 1 c. à soupe de moutarde sèche et 1 c. à soupe de farine avec de l’eau tiède pour obtenir une consistance onctueuse. Badigeonner la préparation sur une pièce de coton et recouvrir le mélange d’une autre pièce de coton [certaines personnes utilisent du papier journal ou du papier ciré au lieu ].

Hoquet

  • Prendre par surprise la personne en lui mettant 1 c. à soupe d’eau froide sur la langue;
  • Boire un verre d’eau à l’envers avec un papier essuie-tout.

Infection : clou rouillé dans le pied et écharde

  • Faire un pansement avec une couenne de lard salé pour enlever l’infection;
  • Faire un pansement avec de l’Osmopak (disponible en pharmacie).

Insomnie (bébé)

  • Mélanger, dans une cuillère, une goutte de confiture à une goutte d’huile d’olive pour calmer le bébé.

Mal d’oreille

  • Mettre une goutte de peroxyde dans l’oreille.

Mal à l’estomac

  • Boire un verre de lait froid.

Maux de dents

  • Ajouter de la fécule de maïs dans la couche du bébé pour enlever l’humidité et pour guérir les plaies.
    • Source : sa mère et sa grand-mère.

Menstruation, réduire les – « Quand ça marchait trop. »

  • Boire un blanc d’œuf cru avec un peu de poivre pour favoriser la coagulation. Recette transmise par sa grand-mère.
    • Source : sa grand-mère.

Montées de lait

  • Mettre 1 c. à soupe de sel à médecine dans un petit verre d’eau et le boire.

Muscles : douleurs et enflures

  • Faire fondre du beurre (tiède) jusqu’à ce qu’il tourne au brun, mais pas brûlé, ensuite ajouter une goutte de vinaigre blanc et mettre l’onguent dans un linge blanc ou des essuie-tout. Frotter la partie douloureuse.

Organisme, nettoyer l’ – « Se nettoyer le système »

  • Mettre 1 c. à soupe de sel à médecine dans un petit verre d’eau et le boire. Prendre au trois mois.

Picote

  • Appliquer une mouche (cataplasme) de cendre sur les zones infectées.

Piqûre de guêpe

  • Mélanger 2 c. à soupe d’eau de Javel La Parisienne dans de l’eau tiède. Tremper la partie exposée de votre corps dans la solution pour déloger le dard et désinfecter;
  • Frotter la piqûre avec du sable pour enlever le dard. Truc transmis par sa grand-mère.
    • Source : sa grand-mère.

Poussière dans l’œil

  • Mettre 2 à 3 graines de lin directement dans l’œil, fermer la paupière et rouler l’œil. Le corps étranger est poussé en dehors de l’œil. Les graines de lin sortent facilement au coin de l’œil.

Rhume

  • Préparer un bain vapeur (ponce de gin) avec de l’eau chaude, du miel et du gin De Kuyper.
    • Mettre une serviette sur la tête et respirer la vapeur, quelques bouffées à la fois, pour dégager les voies respiratoires.
      • Source : son frère.
    • Appliquer une mouche de moutarde sur la poitrine, pendant 15 minutes, pour dégager les sinus.
      • Diluer 1 c. à soupe de moutarde sèche et 1 c. à soupe de farine avec de l’eau tiède pour obtenir une consistance onctueuse. Badigeonner la préparation sur une pièce de coton et recouvrir le mélange d’une autre pièce de coton.

Saignement de nez

  • Appliquer une débarbouillette d’eau froide sur le nez.

Sang, arrêter le

  • Appliquer une compresse d’eau froide sur la plaie.

[1] Philippe Jetté et la Ville de Joliette tiennent à remercier Pierre Bertrand pour avoir accompagner et colliger les remèdes de sa grand-mère, Mme Madeleine Marion.

Remèdes partagés par les participants de l’atelier 

Accouchement : prévenir les cicatrices et garder la peau souple

  • Appliquer, dès le début de la grossesse, de l’huile d’amandes douces sur le ventre, les hanches et les fesses pour prévenir les cicatrices et garder la peau souple.
    • Source : Pierre Bertrand, petit-fils de Madeleine Marion.

Asthme

  • Mettre 2 à 3 goutes d’huile essentiel de menthe poivré.

Bleus

  • Appliquer de l’extrait de vanille.

Bobo qui perdure

  • Tremper le bobo (aller-retour rapide) jusqu’à temps que tu sois capable de le laisser tremper longtemps.
    • Mettre 2 c. à soupe d’eau de Javel La Parisienne dans de l’eau bouillante.
      • Source : Marie-Claude Breault. Appris de son oncle médecin.

Cire dans les oreilles, accumulation

  • Mettre de l’huile d’olive ou de l’huile d’amande dans l’oreille.

Constipation

  • Boire du jus de pruneau;
  • Boire une bouteille d’eau de plus par jour.

Contractions, provoquer les

  • Prendre des tisanes (décoction) de feuilles de framboisier un mois avant d’accoucher. Cela facilite aussi la sortie du bébé;
  • Faire du cheval.

Digestion (ou nausées)

  • Boire une tisane de racine de gingembre frais et chiquer la racine.

Écharde

  • Appliquer de la glaise ou de la Vaseline;
  • Apposer un pansement de gomme de pin pour enlever une écharde profonde sous l’ongle. Le tout cicatrisera. Enlever la gomme de pin à l’aide de beurre.
    • Appris de son père.

Engelure

  • Mettre les pieds ou les mains gelés dans la neige;
    • Source : Marie-Claude Breault, originaire de Rawdon.
  • Mettre du poivre dans les bottes pour prévenir les engelures aux pieds.

Hémorragie

  • Mettre de la farine;
  • Mettre du poivre.

Entorse lombaire ou à la cheville

  • Appliquer, quinze minutes de trois à quatre fois par jour, de l’huile de ricin et de Liniment Minard (moitié-moitié) directement sur la douleur. Enrober la préparation de Saran Wrap et mettre une serviette par-dessus pour ne pas tacher les vêtements.
    • Source : Marie-Claude Breault. Appris d’un ramancheur.

Fatigue

  • Prendre une once de Porto par jour.

Feu sauvage

  • Souffler dans la vitre givrer;
    • Source : sa mère.
  • Appliquer de la pâte à dent sur les feux sauvages;
  • Imbiber le feu sauvage à l’aide d’une rondelle de citron quelques fois par jour;
  • Mettre du camphre.

Grippe

  • Boire une ponce de gin.
    • Faire chauffer du miel avec de l’eau et du jus d’orange, rajouter du jus de citron et du gin. [Marie-Claude Breault ajoute de la cannelle pour donner du goût.]
      • Philippe Jetté tient cette recette de son père Normand, du Ruisseau Saint-Georges à Saint-Jacques.

Hoquet

  • Boire un verre d’eau à l’envers;
  • Poser une question faisant réfléchir. La respiration se stabilise grâce à la réflexion. Ex. : « Comment t’étais habillé à Noël l’année passée ? »
    • Apprise dans sa famille.
  • Mettre du sucre dans une cuillère avec un peu d’eau et boire.
    • Apprise de sa mère.

Insomnie

  • Prendre du jus de cerise quelques heures avant de se coucher;
  • Enlever les couvertures, ouvrir la fenêtre pour se laisser grelotter de 10 à 15 minutes et se recouvrir. « La chaleur nous endorme »;
  • Prendre une douche froide avant de dormir;
  • Mettre une gousse d’ail sous l’oreiller.

Mal d’oreille

  • Mettre un sac de chaleur ou une bouillote sur l’oreille pendant 20 minutes;
  • Souffler de la fumée de cigarette dans l’oreille;
  • Appliquer une ouate avec du camphre chaud sur l’oreille.

Mal à l’estomac

  • Boire un verre d’eau glacé;
  • Mettre un linge chaud sur l’estomac durant la nuit.

Maux de tête

  • Mettre des tranches de patates sur le front.

Menstruations (douleurs)

  • Prendre une bonne coupe de vin chaud.

Nausées

  • Boire une tisane de racine de gingembre frais et chiquer la racine.

Oeil au beurre noir

  • Apposer une tranche de steak sur l’œil.

Picote

  • Prendre un bain avec de la cendre ou de la « petite vache » ou des flocons d’avoine (gruau) pour calmer les démangeaisons. Éponger le corps avec une serviette à la sortie du bain;
  • Appliquer de la « petite vache » (bicarbonate de soude) mélangée avec de l’eau (formant une bouette) sur les zones infectées pour calmer les démangeaisons.

Piqûre de guêpe

  • Appliquer de l’argile sur les piqûres. Très efficace.

Rhume

  • Mettre du Vicks dans de l’eau bouillante pour qu’elle devienne épaisse, approcher la figure le plus possible du mélange et respirer pour dégager les sinus;
  • Mettre du camphre dans de l’eau chaude et respirer pour dégager les voies respiratoires;
  • Boire une ponce de gin.
    • Faire chauffer du miel avec de l’eau, rajouter du jus d’orange ou du jus de citron et du gin. [Marie-Claude Breault ajoute de la cannelle pour donner du goût.]
      • Philippe Jetté tient cette recette de son père Normand, du Ruisseau Saint-Georges à Saint-Jacques.

Autres remèdes et trucs colligés par Philippe Jetté

Bosse

  • Mettre un cent (1 cenne noire) sur la bosse.
    • Source : Line Marion, de Saint-Côme.

Coupure (ou blessure mineur)

  • Appliquer de l’onguent à pie de vache.
    • Source : Mélanie Boucher, originaire de Saint-Jacques.

Digestion

  • Faire bouillir l’intérieure d’écorce d’orme rouge. Prendre un petit verre tous les jours tout dépendamment de la gravité du problème.
    • Source : Denyse à Charles-Émile Forest, originaire du Grand rang de Saint-Jacques. Remède transmis par sa mère.

Insomnie

  • Boire du lait chaud.
    • Source : Mélanie Boucher, originaire de Saint-Jacques.

Montées de lait

  • Faire bouillir des feuilles de choux et les mettre sur les seins pour désengorger le lait.
    • Source : Mélanie Boucher, originaire de Saint-Jacques.

Orgelet

  • Tremper de la mie de pain dans du lait chaud et appliquer sur l’orgelet;
  • Appliquer une compresse d’eau chaude sur l’orgelet;
  • Frotter l’orgelet avec une bague en or.

Picote

  • Appliquer de la « petite vache » (bicarbonate de soude) mélangée avec de l’eau (formant une bouette) sur les zones infectées pour calmer les démangeaisons.
    • Source : Ginette Brisson, mère de Philippe Jetté, de Saint-Jacques.
  • Prendre un bain avec de la « petite vache » (bicarbonate de soude) pour calmer les démangeaisons. Éponger le corps avec une serviette à la sortie du bain.
    • Source : Ginette Brisson, mère de Philippe Jetté, de Saint-Jacques.

Rhume

  • Ébouillanter de l’herbe à dindes et préparer une « concoction » avec de la menthe. Boire lors d’un gros rhume en hiver.
    • Source : Denyse à Charles-Émile Forest, originaire du Grand rang de Saint-Jacques. Remède transmis par sa mère.

Toux

  • Miel dans de l’eau chaude.
    • Source : Mélanie Boucher, originaire de Saint-Jacques.

Ulcères sur les gencives ou à l’intérieur des joues

  • Mâcher de la racine de savoyane.
    • Récolter la savoyane dans les milieux humides sur le bord de ruisseaux. Laissez sécher la racine avant de la mâcher;
    • Les ulcères dans la bouche sont causés par des problèmes digestifs.
      • Source : Denyse à Charles-Émile Forest, originaire du Grand rang de Saint-Jacques. Remède transmis par sa mère.

Le tressage aux doigts est une pratique ancienne de plusieurs millénaires. Ici, dans la région de L’Assomption[1], les femmes artisanes développent, selon toute vraisemblance, au 19e siècle, un savoir-faire unique, le fléché. Issu de la technique universelle du chevron, il est beaucoup plus élaboré que son ancêtre et permet la formation de motifs d’une grande complexité. Transmise de génération en génération, la technique de fabrication de la ceinture fléchée est reconnue comme l’un des plus beaux tressages au monde.

Commerce de la ceinture fléchée dite de L’Assomption

Le plus vieux document attestant la présence d’artisanes en fléché, à L’Assomption, identifie les sœurs Gagnon de la rue Saint-Étienne. Les quatre flécheuses[2] signent une entente avec Antoine Lange, un marchand montréalais. Elles doivent tresser quatre ceintures par mois entre le 26 novembre 1811 et le 1er avril 1812.

Des marchands du village de L’Assomption font le commerce de ceintures fléchées dans la première moitié du 19e siècle. Un de ceux-là, Laurent LeRoux, revient à L’Assomption, vers 1794, pour reprendre les affaires de son défunt père. Il détient, pendant un certain temps, avec Jacques Trullier dit Lacombe, un autre marchand de L’Assomption, le monopole de la confection et de la vente de la ceinture fléchée avec la North West Compagny. En 1822, dix ceintures sont recensées au magasin de Jacques Lacombe, ancien commerçant de la Compagnie du Nord-Ouest. Vingt ans plus tard, treize « ceintures à flèches » et quatorze livres de laine à ceinture sont inventoriées au magasin de Benjamin Beaupré.

Le commerce de la ceinture fléchée est bien ancré à L’Assomption dans la première moitié du 19e siècle. Une mouvance vers le territoire de Saint-Jacques, issu de L’Assomption, est ensuite observée. À la fin du 19e siècle, la commercialisation diminue drastiquement à cause de la fin du commerce des fourrures et de la disparition des grandes compagnies anglaises. La concurrence des ceintures tissées au métier provenant d’Angleterre ont également contribué au déclin de ce commerce.

Exploration et standardisation

La technique du fléché semble s’être développée, au début du 19e siècle, par des femmes de la région de L’Assomption. À cette époque, les artisanes mettent à profit leur créativité. Elles explorent l’agencement des motifs et des couleurs de la ceinture fléchée pour compétitionner les belles étoffes que portaient les gérants écossais de la Compagnie du Nord-Ouest.

Au tournant des années 1830, la Compagnie de la Baie d’Hudson instaure une standardisation, ce qui permet aux femmes d’être plus efficaces et d’avoir une production moins coûteuse. Rappelons que ce sont les femmes du Grand Saint-Jacques qui sont reconnues pour être les principales artisanes du fléché au 19e siècle.

La dénomination « ceinture fléchée de L’Assomption » vient de l’anglais « Assumption sash », ce qui rappelle leur provenance. Cette appellation se répand dans les années 1840.

L’action des flécheuses et des flécheurs

La ceinture fléchée est reconnue, depuis 1985, comme le symbole régional de Lanaudière. L’année suivante, l’Association des artisans de la ceinture fléchée de Lanaudière voit le jour. Depuis 1989, cette dynamique association organise, dans Lanaudière, des ateliers-rencontres, particulièrement au Vieux Palais de Justice de L’Assomption ainsi qu’à la Maison de la culture.

Les flécheuses du 21e siècle

De nos jours, deux femmes de cœur et de passion perpétuent ce savoir-faire traditionnel à L’Assomption, Jocelyne Venne et France Hervieux[3]. Elles partagent cet art traditionnel afin d’en assurer la transmission. À l’hiver 2016, la ministre de la Culture, Mme Hélène David, désigne le fléché comme élément du patrimoine immatériel du Québec. Ce geste symbolique reconnait la richesse de ce savoir-faire transmis par des femmes de la région de L’Assomption.

[1] La région de L’Assomption fait ici allusion aux territoires de L’Assomption et du Grand Saint-Jacques de l’époque.

[2] Marie-Josephte, Marguerite (dont l’époux Louis Bousquet était chapelier), Élisabeth et Archange Gagnon.

[3] France Hervieux est récipiendaire du prix d’excellence Pierre-LeSueur décerné, en l’an 2000, par la Ville de L’Assomption pour son travail de vulgarisation de la tradition de la ceinture fléchée dite de L’Assomption.

Texte rédigé par Philippe Jetté, médiateur du patrimoine vivant consultant pour Les Productions Synop6, le 6 avril 2016. Ce texte était destiné à la Ville de L’Assomption pour un projet de mise en valeur du fléché dans leur milieu. Consultez deux capsules vidéos (historique et tutoriel) et le texte revu par la Ville en suivant ce lien : http://www.quartierdesarts.ca/patrimoines/ceinture-flechee 

Bibliographie

ASSOCIATION DES ARTISANS DE CEINTURE FLÉCHÉE DE LANAUDIÈRE INC. (1994). Histoire et origines de la ceinture fléchée traditionnelle dite de L’Assomption. Québec, Septentrion, 125 p.

MARCHAND, Suzanne. La pratique du fléché au Québec. Étude patrimoniale. Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, 2011. 62 p.

Répertoire du patrimoine culturel du Québec. Fiche de l’élément, Fléché. Ministère de la Culture et des Communications [En ligne]. Site Web consulté en mars 2016. http://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=2&type=imma#.VtnrX_nhCUk

Pierre Dufour, « LEROUX, LAURENT », dans FR:UNDEF:public_citation_publication, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 10 mars 2016, http://www.biographi.ca/fr/bio/leroux_laurent_8F.html

Martin Rochefort, « TRULLIER, Lacombe, JACQUES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 5 avril 2016, http://www.biographi.ca/fr/bio/trullier_jacques_6F.html

Philippe Jetté est un jeune homme qui a sur ses épaules et dans son coeur le patrimoine vivant, porteur des traditions, celles de la Nouvelle-Acadie, ce lieu de la région de Lanaudière qui rassemble les municipalités de Saint-Jacques, Saint Liguori, Saint Alexis et Sainte-Marie-Salomé, toutes fondées par des Acadiens de la déportation. Son but est donc de mettre en valeur la richesse collective de la Nouvelle-Acadie1 ainsi que les gens qui la portent et la transmettent. N’est-il pas notre troubadour contemporain dont nous sommes fiers? Mais sa vision et son engagement sont beaucoup plus grands…

« Je suis né dans le Ruisseau Saint-Georges, premières terres des Acadiens en Nouvelle-Acadie, à Saint-Jacques, une communauté fondée par des Acadiens de la déportation. Je suis cultivé en fonction du sol. Je suis Acadien, nous sommes Acadiens. C’est plus fort que moi, je dois cultiver le sol de mes ancêtres pour garder vivante notre mémoire collective, nos traditions. Plus le temps avance, plus j’ai espoir pour l’avenir. Je ne suis pas seul à prendre soin du sol. Ensemble, nous ferons fleurir cette belle et grande Nouvelle-Acadie.

Je m’intéresse aux pratiques traditionnelles pour ce qu’elles procurent. J’ai le sentiment d’être en continuité avec les porteurs de traditions qui me les ont transmises, mais aussi avec ceux qui les ont portées avant eux. Je colporte fièrement leurs danses, leurs chansons ou leurs airs de musique. Je me fais un ambassadeur de leur héritage. Évidemment, ça m’apporte beaucoup de plaisir. »

Exploration et mise en valeur des traditions de la Nouvelle-Acadie

« Mon projet vise à créer et à diffuser deux conférences-spectacles participatives; une destinée au jeune public (8-12 ans) et l’autre, au grand public. J’ai également comme objectif la présentation d’un atelier de transmission de chansons de tradition orale présentant le répertoire de la Nouvelle-Acadie. Pour ce faire, j’analyserai des textes de chansons afin de saisir, entre autres, le sens des paroles et leurs symboliques datant souvent du Moyen Âge. Ce processus permettra par ailleurs de poursuivre la documentation de la pratique de la chanson et de la musique traditionnelles auprès de porteurs de traditions et de détenteurs d’archives (enregistrement de veillées, etc.).

Mes conférences-spectacles et mon atelier de transmission, proposés dans les réseaux scolaires et bibliothèques ainsi que dans des lieux de diffusion de spectacles et de conférences, soutiendront ma démarche participative et inciteront les jeunes à s’ouvrir à un monde culturel et à une transmission de patrimoine. Ma présence sera constante dans Lanaudière et s’élargira dans différentes régions du Québec et dans le grand réseau acadien international. Je suis accompagné dans ma démarche par des maîtres québécois de la tradition orale et des arts de la scène : Michel Faubert, Robert Bouthillier, Danielle Martineau et Marie-Claire Séguin. »

Tout ce travail et cette implication se marient bien avec les 40 ans, cette année, du groupe Les Petits Pas Jacadiens dont Philippe Jetté est le président. Un organisme à but non lucratif qui oeuvre à la valorisation, la transmission, la promotion et la diffusion de la danse, de la gigue traditionnelle québécoise et acadienne. Rêvons avec lui d’un projet rassembleur pour le développement collectif et durable de la pratique de la danse traditionnelle dans nos communautés. « Câller la veillée chez-vous! »

C’est la culture, la valeur première d’un peuple.
Celle qui le fait avancer.
Bernard Landry,
ancien premier ministre du Québec

« Je vois pour l’avenir une communauté fière de ses racines et de ses traditions, avec un fort sentiment d’appartenance à la Nouvelle-Acadie et à l’Acadie du monde. Les gens se rassembleront en famille et en communauté pour chanter, danser et popoter des chansons, des danses et des recettes traditionnelles. Bref, une communauté heureuse et en santé grâce à son patrimoine. »

Philippe Jetté est un des personnages principaux du documentaire Les Acadiens du Québec : Lanaudière, mémoire vivante d’Acadie, réalisé par Phil Comeau. Il est le descendant d’une famille de premiers Acadiens : sa grand-mère Hélène Gaudet, et son grand-oncle, Jean-Paul Gaudet, qui tenait jusqu’à sa mort le magasin général dans le Grand rang, et qui est décédé à l’âge de 93 ans et 6 jours. Lire la suite

Le magazine Dernière Heure accorde un article sur Philippe Jetté pour le temps des fêtes : Il gagne sa vie en callant des sets carrés. Cet article était paru en août dernière dans le Journal de Montréal.

Magazine DH vol23#26