La fête de la Sainte-Catherine, célébrée chaque année le 25 novembre, occupe une place unique dans le patrimoine immatériel québécois. Longtemps associée aux « vieilles filles » et au rituel humoristique des Catherinettes, cette fête mêle traditions religieuses, coutumes sociales et plaisirs sucrés. Aujourd’hui, elle survivre sous une forme renouvelée, portée par la mémoire, l’histoire et la dégustation de la fameuse tire Sainte-Catherine.

Une fête héritée de la tradition catholique

À l’origine, la Sainte-Catherine honore sainte Catherine d’Alexandrie, patronne des jeunes filles à marier. Dans plusieurs pays francophones, cette date était un moment clé pour les femmes célibataires ayant atteint 25 ans. Au Québec, comme en France, on les appelait les Catherinettes.

Jusqu’au milieu du XXᵉ siècle, cette journée donnait lieu à des gestes taquins :

  • chapeaux décorés aux couleurs vives,
  • cartes moqueuses,
  • souhaits de mariage lancés à la blague.

Ces pratiques, parfois teintées d’humour pesant quand on les regarde aujourd’hui, reflétaient les normes sociales liées au mariage, fortement ancrées dans la culture d’autrefois.

La tire Sainte-Catherine : une tradition culinaire incontournable

L’autre grande tradition associée au 25 novembre est sans contredit la tire Sainte-Catherine, friandise de mélasse introduite au XVIIᵉ siècle par Marguerite Bourgeoys, pionnière de l’éducation en Nouvelle-France. Pour attirer les enfants à l’école, elle leur préparait cette confiserie qu’on étire à la main.

Depuis, la fabrication de la tire est devenue un rite de passage dans bien des foyers :

  • on se rassemble,
  • on chauffe la mélasse,
  • on étire la pâte en rubans sucrés,
  • et on transmet le savoir-faire d’une génération à l’autre.

Encore aujourd’hui, cette tradition demeure vivante dans les écoles, musées, familles et ateliers communautaires.

Une fête qui évolue avec la société

Si la notion de “vieilles filles” n’est plus représentative de notre époque, la Sainte-Catherine continue d’exister sous une forme transformée. Elle rappelle que les traditions sont vivantes, évolutives et porteuses de sens, même lorsqu’elles se détachent de leurs fonctions sociales d’origine.

La Sainte-Catherine d’aujourd’hui célèbre davantage :

  • la mémoire culturelle,
  • la transmission,
  • le plaisir partagé,
  • et la richesse du patrimoine vivant québécois.

Pourquoi la Sainte-Catherine fascine encore ?

Parce qu’elle combine :

  • une histoire riche remontant à la Nouvelle-France,
  • des coutumes sociales parfois surprenantes,
  • et une tradition sucrée qui rassemble.

Elle incarne un exemple parfait de résilience culturelle : une fête qui se réinvente tout en préservant son essence.

Sources

Ouvrages et articles en ethnologie/histoire
– Barbeau, Marius. Le folklore canadien. Montréal : Fides, 1982.
– Auclair, Josette. « La fête de la Sainte-Catherine et la tire : tradition sucrée du mois de novembre. » Rabaska, vol. 3, 2005.
– Lacourcière, Luc. Traditions populaires du Canada français. Archives de folklore, Université Laval.
– Asselin, Olivier. « Les pratiques festives saisonnières au Québec. » Revue d’histoire de l’Amérique française, 1998.
– Desloges, Yvon. Goûter à l’histoire : coutumes alimentaires au Québec. Québec : Septentrion, 2010.

Sources historiques sur Marguerite Bourgeoys
– Archives historiques de la Congrégation de Notre-Dame, Montréal.
– Gouvernement du Canada. Ressources pédagogiques sur Marguerite Bourgeoys.

Sources de vulgarisation et patrimoine vivant
– Musée de la civilisation. La tire Sainte-Catherine : traditions sucrées.
– Société québécoise d’ethnologie.
– Radio-Canada, archives sur les traditions de novembre.

 

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